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ORDRE MARTINISTE DES RITES UNIS
7 avril 2019

La Science Martiniste. I

Discours prononcé à la réception du Frère 19e au Suprême Conseil, le 25 novembre1892.

Publié dans la revue L'Initiation, 18e Volume, 6e année, n° 5, de février 1893.

Discours qu'il serait sans doute bon de lire, de relire et de faire encore relire à tous ceux, ou toutes celles, qui accèdent à des "postes à responsabilités" (sic!) au sein de structure initiatique.

Ce discours donne aussi un programme à suivre pour faire "carrière" dans le martinisme.

 

Mon frère,

Je n'ai pas la prétention de faire un discours, ni même de vous donner un enseignement. Par vos mérites personnels, par la volonté de Dieu et par l'élection de vos pairs, vous avez conquis le grade de S.I. et vous avez été élevé aux honneurs du Suprême Conseil. Vous êtes donc mon égal et je ne crois pas pouvoir rien vous apprendre.

Pourtant le Suprême Conseil a voulu qu'au moment où vous entrez dans son sein, une exhortation vous fût adressée, qui vous rappelât les caractères de cette science martiniste que vous allez avoir à enseigner à votre tour.

Le Suprême Conseil m'a fait l'honneur de me choisir pour vous adresser ces quelques paroles, et je l'en remercie profondément. J'aurai donc à vous rappeler la nature de la science martiniste, les moyens de l'acquérir, et le but qu'elle poursuit.

NATURE DE LA SCIENCE MARTINISTE

Commençons donc par définir la nature de la science martiniste.

Mais tout d'abord y a-t-il une science martiniste ? Notre science n'est-elle pas celle de tout le monde ? Avons-nous la prétention de posséder une science cachée à tous les autres hommes ? A cette question, il faut répondre par une distinction. Notre science a le même objet que la science profane, mais elle a un autre esprit. Voilà toute la solution du problème.

Notre science, dis-je, a le même objet que la science profane. Elle étudie les mêmes choses, sans en excepter bien entendu ces sciences occultes que le vulgaire craint ou méprise.

Bien plus, elle accepte pour sérieuses les méthodes de la science profane, elle tient pour avérés ses résultats. Tout ce qui est démontré scientifiquement est admis par nous sans difficultés et sans réserves. A la différence de certaines Eglises, nous n'avons aucune défiance des progrès de l'esprit positif : nous savons qu'aucune vérité ne peut contredire les vérités supérieures, et que tout ce qui est vrai est bon à dire et à méditer.

Nous sommes donc heureux des progrès de la science positive ; nous cherchons même, dans la mesure de nos forces, à y contribuer. Tout ce qui se fait de ce côté est chez nous le bienvenu.

Mais est-ce à dire que nous nous en tenions aux enseignements de la science positive ? Non, mon frère, et c'est ici que vous apparaîtra l'originalité de la science martiniste. Les résultats de la science positive sont des résultats fragmentaires et discontinus. Chacune des sciences en lesquelles elle se fractionne, vit dans un isolement jaloux des autres sciences ; dans chaque science plusieurs écoles sont en opposition sur les principes les plus fondamentaux. Une tentative de synthèse est-elle faite, ce n'est le plus souvent qu'une apparence de synthèse, ayant pour unique but de décider les écoles dissidentes à se rallier aux théories de l'une d'entre elles, ou de subordonner les sciences voisines à celles que pratique l'auteur de la tentative. L'esprit du martinisme, mon frère, est plus large. C'est l'esprit de la vraie synthèse. Nous ne voulons pas demeurer dans le domaine des vérités analytiques, parce que l'esprit humain, qui est un, a besoin d'une vérité une. Mais nous ne voulons pas non plus d'une synthèse arbitrairement faite. Nous voulons d'une synthèse rationnelle, qui respecte tous les faits acquis, qui tienne compte de toutes les théories sérieuses, mais qui en même temps n'en exagère aucune, et montre à chacune qu'elle a besoin de se compléter par toutes les autres, de façon à faire, de toutes ces vérités incomplètes qui sont nuisibles si on les prend pour la vérité totale, les matériaux de l'édifice durable, de l'édifice complet et bienfaisant de la science.

Mais comment cette synthèse peut-elle se faire ? Elle se fera au moyen de la grande loi qui forme le centre de tout enseignement hermétique, de la loi d'analogie. L'analogie n'est pas une identité totale : nous ne prétendons pas que tous les phénomènes sont identiques et régis par des lois identiques, que toutes les sciences ne sont qu'une même science. Mais l'analogie est une identité partielle : ce que nous prétendons, c'est que, à côté de leurs différences, tous les faits présentent des ressemblances ; que, parmi les lois qui les régissent, si certaines sont spéciales à certains d'entre eux, celles-là mêmes pourtant rappellent les lois qui règnent ailleurs ; qu'ainsi entre les sciences il y a à la fois distinction et relation. La loi d'analogie, en un mot, met la hiérarchie dans l'univers et dans la connaissance. Elle nous fait reconnaître qu'il y a dans le monde plusieurs plans distincts, qu'il serait téméraire de confondre, mais elle nous montre qu'en même temps chacun de ses plans reflète le plan supérieur. Ainsi elle nous fait comprendre, mieux que Platon, la véritable conciliation de l'un et du multiple, et, mieux que Hegel, la véritable identification des contraires dans l'absolu. Et pour envisager une métaphysique plus récente, elle nous montre à la fois ce qu'il y a de vrai et ce qu'il y a d'excessif dans l'évolutionnisme, en établissant qu'à côté de la liaison des êtres, il faut tenir compte aussi de la hiérarchie de leurs essences.

Je ne puis, mon frère, développer ces considérations qui déjà sans doute vous sont familières. Mais je dois pourtant indiquer encore un point. Si toutes ces choses sont ainsi analogues, la connaissance de l'une d'entre elles éclaire donc singulièrement l'étude de toutes les autres. Il importe donc essentiellement de bien choisir son point de départ, de bien déterminer cet objet initial dont l'étude doit précéder et permettre toute autre recherche. Or, quel doit être cet objet initial ?

La science profane répond : c'est l'objet le plus simple, c'est-à-dire le vivant rudimentaire, le protoplasma, ou plutôt encore l'élément inorganique, l'atome : en effet, dit-elle, c'est la connaissance du simple qui doit ouvrir les voies à la connaissance du complexe. Tout spécieux qu'il est, ce raisonnement n'est pas décisif. Car si l'esprit de l'homme est, il est vrai, plus complexe que la cellule de l'atome, il a cependant sur eux, pour l'étude que nous pouvons en faire, un avantage considérable. Notre esprit, en effet, c'est nous-mêmes ; et nous avons, pour le connaître, ce sûr moyen d'investigation, la conscience.

Au contraire la cellule et l'atome, tout simples qu'ils soient, nous sont à proprement parler impénétrables, par cela seul qu'ils sont autres que nous. Ainsi, le seul être que nous connaissions directement, c'est nous-mêmes ; tous les autres, nous ne les pouvons connaître que par analogie avec celui-là. La science profane va de l'univers à l'homme ; la science martiniste va de l'homme à l'univers. Aussi la première ne peut-elle qu'analyser et énumérer ; la seconde seule explique, parce que seule elle a un principe d'interprétation et de lumière. Expliquer l'univers par l'homme, c'est la devise même de Saint-Martin, du maître dont nous invoquons ici avec respect la glorieuse, l'impérissable mémoire.

 

... A SUIVRE ...

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