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ORDRE MARTINISTE DES RITES UNIS
4 septembre 2011

Une Définition de la Gnose, Paul-Hubert Poirier

 Paul-Hubert Poirier.

 Disons tout d’abord que ce terme de Gnose est un peu piégé. Nous savons que cela veut dire « connaissance ». Si vous ouvrez les Lettres de Paul, si vous lisez le benedictus de l’Evangile de Luc, si vous lisez la doctrine des « Douze Apôtres » qui est un texte qui date des années 80 environ, nous trouvons partout la revendication d’un accès à la connaissance parfaite comme dit Jean : « C’est la Connaissance qui nous rendra libre ».

 Alors comment se fait-il que dans un mouvement religieux où la gnosis, la Connaissance, tient une telle place, un quartier de ce mouvement-là se soit vu qualifié d’hérétique, tout à fait marginalisé, même persécuté, parce qu’il se réclamait de ce qui formait l’essentiel de la foi de tout le monde, à savoir l’accès à la connaissance.

 Ce n’est pas le rapport à une connaissance, mais de quel type de connaissance s’agit-il ? Je pense que ceux que l’on appelé les gnostiques, c’est-à-dire les connaissants, les connaisseurs, on va les distinguer de l’ensemble des chrétiens en disant que, bien sûr comme tout le monde ils poursuivent une connaissance, mais c’est une pseudo-connaissance parce qu’elle prend à rebrousse poil la gnosis, la connaissance qui était véhiculée, prêchée de façon plus générale dans l’ensemble des communautés chrétiennes.

 Cela étant dit ce n’était pas une gnosis, une connaissance, tout à fait inconnue ou singulière. Ce que nous retrouvons dans les textes gnostiques, en particulier, l’appel à la conscience de soi à la découverte du divin en soi, c’est quelque chose que vous retrouvez dans la tradition philosophique grecque la plus ancienne et dans bien d’autres mouvements religieux. Cela pose bien entendu la question très irritante des origines de la Gnose. S’agit-il d’un mouvement est interne au christianisme ? S’agit-il d’un mouvement étranger au christianisme, qui est venu de l’extérieur parasiter le christianisme ? C’est ce que les hérésiologues comme Irénée de Lyon voudront bien nous faire croire.

 Je pense que tel que nous le connaissons, c’est-à-dire à travers les textes qui ont été découverts à Nag Hammadi, nous sommes en présence d’un mouvement qui évolue au sein du christianisme et je dirai que être gnostique, au IIe siècle, n’en déplaise à Irénée de Lyon, n’était qu’une autre façon d’être chrétien.

 Extrait de l'émission Des Vivants et des Dieux, du 15 décembre 2007, France Culture, présentée par Michel Cazenave, avec la participation de Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier.  Respectivement, Membre de l'Institut, et professeur d'Histoire des religions à l'université Laval de Québec, co-directeurs de la publication de  Écrits gnostiques : la Bibliothèque de Nag Hammadi dans la « Bibliothèque de la Pléiade », éd. Gallimard.

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