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ORDRE MARTINISTE DES RITES UNIS
16 mars 2012

Les Martinistes, Pierre Geyraud - IV

LES MARTINISTES

Pierre GEYRAUD

 --- Suite ---

 Enfin, au troisième degré, l’Initié, devenu Supérieur Inconnu, reçoit, devant les luminaires, les colonnes et une épée, les explications suprêmes,

La signature distinctive de l’Ordre S.I. indique à elle seule tous les développements du rituel symbolique.

Les points disposés en deux triangles opposés figurent la disposition des luminaires et leur situation symbolisant le Ternaire dans les trois mondes.

La lettre I, première du mot Inconnu, représente le symbole du Masque dans toutes ses significations.

Enfin la lettre S, première du mot Silence et Supérieur représente le manteau symbolique dont est recouvert tout initié. L’opposition des deux lettres, et l’opposition des deux triangles, montre à tout œil perspicace les deux colonnes dans leur opposition active (lettres) et passive (points), opposition verticale et opposition horizontale, clef du symbolisme de la Croix.

Il y a dans l’histoire de cette importante société secrète plusieurs phases nettement distinctes.

 C’est Martinez de Pasqually, ou Pascalis -- un Juif portugais-- qui a établi la secte en 1754. Il avait créé l’Ordre des Elus Coëns, et, dans les chambres vertes, noires, astrales et rouges, après avoir tracé les cercles rituéliques, disposé les luminaires, et transcrit les mots sacrés, il conversait avec les sept anges planétaires : Michaël, Gabriel, Ouriel, Zérachiel, Chamaliel, Raphaël, Tsaphiel, et avec Ardarel, ange du feu, Casmaron, ange de l’air, Talliud, ange de l’eau, et Furlac, ange de la terre. Mais c’est son disciple Claude de Saint-Martin qui a donné au Martinisme sa constitution, sa vitalité, son nom.

Ce Saint-Martin est un homme étrange. Sous l’inspiration et la dictée d’un esprit dit « le Philosophe Inconnu », il a écrit des livres qui sont très profonds, paraît-il, mais qui ne m’ont pas paru fort aisés à comprendre : Les Erreurs et la Vérité(1), Le Tableau Naturel, l’Homme de désir, Le Crocodile (ce dernier contient une curieuse théorie de la lumière astrale). On y trouve, en résumé, les idées suivantes :

L’homme est naturellement parfait, au point que la divinité prend sa source dans l’humanité. La chute, la déchéance proviennent de la soumission aux pouvoirs religieux et politiques. La rédemption consiste donc à briser tous les jougs.

Ces idées -- ne diront-on pas du Rousseau, mais du Rousseau bariolé d’occultisme? -- incitèrent Claude de Saint-Martin à mettre un peu de réglementation dans la Maçonnerie française, considérée comme une organisation libératrice. Elle souffrait alors, depuis 1760, d’une sorte d’anarchie, étant divisée en neuf obédiences. Saint-Martin les fit fusionner, et même, à en croire les Martinistes, fut le véritable créateur, en 1772, du Grand Orient (qui, pourtant, affecte aujourd’hui de ne pas reconnaître le Martinisme).

Vint la Révolution de 1789. Le rôle des Loges maçonniques dans cette affaire n’est plus contesté ; il est même parfois un peu surfait. Mais l’action des Martinistes est moins connue. Il peut ne pas être inutile de savoir que Mirabeau, Condorcet, Mesmer, Duport, André Chénier étaient Martinistes, et que le Grand-Maître, Cazotte, fut exécuté sous la Terreur.

Sous l’Empire, et jusqu’à 1889, le Martinisme ne compte plus que de petits groupes épars. La première phase est close. Mais, cette année-là, le Grand-Maître de l’Ordre, marquis de Saint-Yves d’Alveydre, ancien élève d’un Parsi de l’Inde qui lui avait enseigné la Kabbale, époux de la veuve morganatique d’Alexandre II, auteur de la Mission des Juifs et de la Mission des Souverains, par l’un d’eux, fait la connaissance de Papus.

Papus (de son vrai nom Gérard Encausse) était né dans la roulotte d’une gitane, à la Corogne. Devenu docteur en médecine, il devait se vouer à l’occultisme, à la théosophie et à la Franc-Maçonnerie (il était 33°), fonder avec Chamuel, rue de Trévise, laLibrairie du Merveilleux ( qui donna aux sciences secrètes un surprenant regain avec ses revues l’Initiation et le Voile d’Isis), contribuer, avec Jules Doinel, à la création de l’Eglise Gnostique, constituer l’Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix, induire Anatole France à hermétiser et à écrire sa Rôtisserie de la Reine Pédauque, verser enfin dans la thaumaturgie, et mourir, selon sa prédiction, à cinquante-trois ans. Un homme extraordinaire, que ce gros garçon aux rondes pommettes souriantes sous des yeux sombres et malicieux !

Créateur-né, Papus réorganise le Martinisme. Les loges se multiplient. A côté des trois degrés d’initiation, Papus constitue une sorte de tiers-ordre martiniste : par « l’initiation d’honneur ». Les membres honoraires forment la réserve mondaine du Martinisme. Ils se recrutent dans les salons, l’Université, et auprès des amis de seconde zone qui ne veulent pas ou n’osent pas entrer dans les cadres, mais qui sont tout prêts à rendre service au Martinisme, à lui créer des entrées dans les revues et les journaux, à établir son influence.

En mars 1891, les Initiateurs, réunis en congrès, 29, rue de Trévise, votent l’établissement de Loges régulières sous l’intitulé et la juridiction d’un suprême conseil dont les membres sont élus à perpétuité, et qui a pour fonction de délivrer des chartres constitutives de Loges, d’exercer l’arbitrage sans appel entre toutes les loges fédérées, de choisir le mot de semestre et de l’envoyer aux présidents des groupes. Papus est élu à l’unanimité Grand-Maître ad vitam. A ce moment, les Martinistes forment une élite intellectuelle des plus rares, une sélection très distinguée.

Il est certain que, sans le Martinisme, l'Eglise Gnostique, cette aristocratie de la pensée religieuse, n’aurait pu se constituer. Le Patriarche, les Evêques et la Sophia Gnostiques étaient Martinistes.

C’est en s’adjoignant les SAIA sous le vocable, propre de la Gnose, de Pneumatiques , que l’Eglise fondée par le Martiniste Jules Doinel s’est assurée une hiérarchie fidèle et intelligente.

Et même, plus tard, en 1911, après qu’une scission fût née dans la Gnose, un traité secret d’alliance et de réciprocité devait être conclu entre l’Ordre Martiniste et une branche de la Gnose, l’Eglise Gnostique Universelle, ayant pour patriarche : Sa Béatitude Jean II Bricaud, avec siège à Lyon

--- A Suivre ---


(1) En voici un échantillon qui n’est intelligible que par la gémantrie (transposition des lettres d’un mot en nombres pourvus de signification), ou par la thémurie (Interversion des lettres) : « Autrefois, l’homme avait une armure impénétrable, et il était muni d’une lance composée de quatre métaux, qui frappait toujours en deux endroits à la fois. Il devait combattre dans une forêt formée de sept arbres dont chacun avait seize racines et quatre cent quatre-vingt-dix branches : il devait occuper le centre de ce pays ; mais, s’en étant éloigné, il perdit sa bonne armure pour une autre qui ne valait rien. Il s’était égaré en allant de quatre à neuf et il ne pouvait se retrouver qu’en allant de neuf à quatre. Cette loi terrible était imposée à tous ceux qui habitaient la région des pères et des mères, mais elle n’était point comparable à l’effrayante et épouvantable loi du nombre cinquante-six, et ceux qui s’exposaient à celle-ci ne pouvaient arriver à soixante-quatre qu’après l’avoir subie dans toute sa rigueur. »

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